L’Algérie injecte 1,4 Milliard de Dollars pour révolutionner le transport ferroviaire
Le secteur des transports en Algérie s’apprête à changer de visage. Fini le bricolage, place aux grands moyens. Conformément aux orientations de la Loi de Finances, l’État a validé une enveloppe colossale de 1,4 milliard de dollars (équivalent à 138 milliards de dinars) pour remettre la SNTF sur les rails, au sens propre comme au figuré.
Ce "plan Marshall" du rail ne vise pas seulement à acheter de nouveaux trains, mais à transformer radicalement la mobilité des Algériens à l’horizon 2035.
1. Un budget XXL pour une modernisation globale
Il ne s'agit pas d'une simple opération d'achat, mais d'une stratégie d'État. La SNTF a lancé un vaste programme de modernisation doté d'un budget global vertigineux de 378 milliards de DA.
Sur ce montant, une tranche prioritaire de 138 milliards de DA a été spécifiquement débloquée pour attaquer le cœur du problème : la vétusté du matériel. L'objectif est clair : améliorer le confort du citoyen et booster le fret économique.
2. Le "Shopping List" de la SNTF : 400 Wagons et des TGV
Qu'est-ce que l'Algérie va acquérir avec cet argent ? La liste des courses est impressionnante et promet de soulager les usagers du train :
400 nouveaux wagons destinés au transport de voyageurs (de quoi réduire la pression sur les grandes lignes).
Des locomotives de grande puissance capables de couvrir de longues distances, notamment vers les Hauts-Plateaux et le Sud.
Des autorails à grande vitesse pour moderniser le parc existant.
Des wagons de marchandises, un levier vital pour accompagner la dynamique économique et les exportations hors hydrocarbures.
Des locomotives de manœuvre pour fluidifier le trafic dans les gares.
3. Infrastructures : Des nouvelles voies et des gares "New Look"
Avoir des trains neufs, c'est bien, mais avoir des rails modernes, c'est mieux. Ce plan d’investissement inclut un volet crucial :
La construction de nouvelles voies ferrées pour désenclaver certaines régions.
La réhabilitation du réseau existant pour augmenter la vitesse et la sécurité.
La rénovation des gares ferroviaires, qui devront répondre aux standards internationaux en matière d'accueil et de services.
4. Le Calendrier : À quand les premiers trains ?
C'est la question que tout le monde se pose. Selon les responsables de la SNTF, il faudra faire preuve d'un peu de patience. La première livraison des équipements suivra un calendrier précis :
Le processus s'étalera sur une période de 24 à 36 mois.
Concrètement, les premiers wagons seront réceptionnés, en principe, entre 2026 et 2027.
Analyse Économique : Pourquoi l'Algérie mise tout sur le rail ?
Au-delà des chiffres impressionnants, cet investissement de 1,4 milliard de dollars répond à une urgence économique stratégique. Pourquoi l'État injecte-t-il autant d'argent dans la SNTF maintenant ? Voici les trois piliers économiques de cette décision :
1. Levier incontournable pour l'industrie minière
L'acquisition de wagons de marchandises et de locomotives puissantes n'est pas fortuite. Elle est directement liée aux mégaprojets miniers de l'Algérie, notamment le Gisement de Gara Djebilet (Fer) et le Projet Phosphate Intégré à l'Est. Le train reste le seul moyen viable pour transporter des millions de tonnes de minerais du Sud vers les ports du Nord à moindre coût. Sans un rail moderne, ces richesses resteraient bloquées sous terre.
2. Réduire la facture logistique des entreprises
Actuellement, le transport routier domine le fret en Algérie, ce qui coûte cher et sature les autoroutes. En basculant vers le rail, l'objectif est de réduire les coûts logistiques pour les opérateurs économiques. Un transport moins cher signifie des produits algériens plus compétitifs, tant sur le marché local qu'à l'exportation hors hydrocarbures.
3. L'équilibre régional et le désenclavement
Sur le plan socio-économique, étendre le réseau vers les Hauts-Plateaux et le Grand Sud permet de créer de nouveaux pôles économiques loin du littoral. Le train apporte la mobilité, et la mobilité attire l'investissement. Ce plan vise donc à redessiner la carte économique du pays à l'horizon 2035, en connectant les zones de production (Sud) aux zones de consommation et d'exportation (Nord).
L'Algérie mise gros sur le rail. Avec ce plan à l'horizon 2035, le train ne sera plus seulement un moyen de transport, mais un véritable moteur de développement économique pour le pays.